C H R I S T I N E
B O I L L A T
ACCIDENTS AND CEREMONIES
on the site of her studio in Zurich. Accidents and Ceremonies allows us to follow a thread in Boillat's working process from the intimate and spontaneous in story telling around insects and natural wonders and history. The resulting works represent an unparalleled, muscular statement in the recent history of drawing. The exhibition will include new drawings, and installation. Christine Boillat was born in Lausanne, Switzerland in 1978 and lives in Zurich. She received a MA from Haute Ecole d'Art et Design (HEAD) Geneva with the félicitations of the jury in 2005, and is the recipient of other awards including the Geneva City and Cantonal Fund for Contemporary Art (FCAC)'s, Prize (2006)
Art Collector, no12, spring 2013
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Christine Boillat
Basel – Kohle lässt sich unmittelbar mit der Hand auftragen. Daher ist für die in Zürich lebende Künstlerin Christine Boillat (*1978), zum bevorzugten Ausdrucksmittel geworden. In der Galerie Laleh June zeigt die Welschschweizerin unter dem Titel « Accidents and Ceremonies » erstmals riesige Kohlezeichnungen. Eine geheimnisvolle Stille bestimmt die Atmosphäre ihrer Blätter. Auf einem Waldweg liegt ein verunglücktes Auto, dessen Licht eine Karawane unzähliger Fliegen anzieht. Sie eilen zum Begräbnisfestmahl, während im Vordergrund grosse Fliegen das Geschehen beobachten. Eine Spieldose liegt am Boden. Sie ist Teil von Boillats persönlicher Ikonografie, setzt sie diese doch seit mehreren Jahren in Installationen ein. So Auch in Basel, wo in der Mitte des Raumes zerstörte schwarze Möbelstücke zu sehen sind, aus denen ab und an ein vereinzelter Ton klingt. Ein Unfall hat die Zeit angehalten. Eine Mischung aus traumhafter und durch Katastrophen verlangsamter Zeit beherrscht ihre Arbeiten. Mit Fliegen, toten Vögeln, Früchten, Möbeln und Licht gestaltet sie eigenwillige, gezeichnete und reale « nature morte », inspiriert von den geheimnisvollen Worten Hermes Trismegistos : « Siehe, das Oberste kommt von Untersten, und das Unterste von Obersten ».
Yvonne Ziegler, Kunstbulletin, avril 2013
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CHRISTINE BOILLAT Petits combats de vie et de mort.
Des installations oniriques qui traduisent un monde en perpétuelle métamorphose.
Il y a de la fête dans les travaux de Christine Boillat. Une drôle de fête,un peu triste, un peu gaie, comme une musique aigrelette chantée par une voix mal assurée. D’abord vous voyez un halo de lumière, des lampions colorés ; en vous approchant de l’installation, vous percevez des couleurs irisées; en regardant plus précisément encore, apparaissent un grouillement de petits cadavres, des restes de fruits décomposés. Ici des mouchettes occupées à se nourrir d’une dépouille d’oiseau ; là, un ballet de moustiques. Il y a du rêve et du familier dans ses mises en scènes très étudiées et pas répugnantes pour un sou mais, au contraire, charmantes. Oniriques, ludiques. «Une façon métaphorique et douce de dire la vérité», commente l’artiste. Comme dans cette oeuvre exposée à Genève l’an passé dans Art en Ile, «Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas», organisée autour d’un arbre qui a poussé à l’envers depuis un plafond blême d’où tombent de petits corps brisés, morts.
Christine Boillat, 32 ans, étudie àl’Ecole supérieure des beaux arts de Genève. Elle y apprend, auprès des artistes Carmen Perrin et Yan Duyvendak notamment, à écouter, à chercher, à se défaire de la protection du milieu scolaire pour plonger «dans la vraie vie». A propos de cet apprentissage, elle déclare: «J’y ai reçu la boîte à outils dont j’avais besoin». A partir de 2005, elle présente régulièrement ses dessins, vidéos, installations, participe à des concours et anime, avec cinq autres artistes, l’Espace Kugler, lieu d’exposition dans une ancienne usine, qui offre des cartes blanches à de jeunes artistes. Ce printemps, elle a participé au projet expérimental In Situ dans un mas de la région d’Arles. Une dizaine de plasticiens invités en résidence y ont réalisé, puis exposent, jusqu’au 15 juillet, les oeuvres que leur a inspiré le territoire de la Camargue. Dans ce laboratoire d’art sont nés «Les petits guerriers», une installation qui raconte le combat fatalement perdu des moustiques contre la lumière et résume la confrontation entre beauté et pauvreté que Christine Boillat a découverte dans ce rude et magnifique pays.
L’artiste vit et travaille entre Genève où elle est établie et Zurich où elle dispose d’un atelier et, prépare un projet pour une galerie parisienne. Pour elle, l’actualité se déroule très loin d’Art Basel. Elle vient de se rendre en Tunisie afin de comprendre, les aspirations et les mouvements de la jeunesse des pays d’Afrique du nord, pour exprimer sa solidarité aussi. «Etre artiste, c’est résister», affirme-t-elle.
Lorette Coen, Espaces Contemporains, Juillet-Août 2011
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Scènes avec mouches et oiseaux
Christine Boillat propose de petites fêtes funèbres à Genève.
«Lieu pluriel», Ex-Machina, à Genève, est animé par cinq plasticiens qui accueillent en parallèle une exposition d’art contemporain et des pièces de design. Christine Boillat y propose ses Petites fêtes et petites morts. A travers le dessin et l’installation, la jeune diplômée des Beaux-arts genevois, livre son regard sur les lendemains de fête et sur la vie des insectes. Soit des reliefs de repas, ou de pique-nique, branchages et fruits épars, esquisse de table et de verres et surtout beaucoup de mouches et autres bêtes volantes, le tout dessiné avec finesse et assurance sur de grandes feuilles. L’appât est constitué par des oiseaux morts, échoués là et aussitôt chatouillés et dévorés par les insectes. Ou comment la mort nourrit la vie, sans que le trait insiste trop lourdement sur l’aspect morbide, mais plutôt sur la nature «petite» et la quotidienneté de ces deuils.
Le dessin d’un Clown, aussi minuscule qu’il est haut placé sur le mur, participe de la même envie de titiller la curiosité. Et du même humour, entre poésie et dérision. Mais le tout n’est pas seulement exprimé à travers le dessin. Fruits tombés, mouches, papillons et boules de plumes, en trois dimensions, avec la même économie de teintes (noir et blanc et quelques touches de rouge), affirment concrètement la base de deuils et de dépouilles sur laquelle se construisent nos vies, nos petites vies.
Christine Boillat est aussi l’auteur de vidéos, sur le même thème du Petit rituel funéraire quotidien et de la fête, et de l’activité débordante de ces bestioles qu’on ne remarque pas, mais qui sont bien plus nombreuses que les humains; elle a conçu Little night club, «un petit club où les mouches viennent danser», attirées par des ampoules. Clin d’œil aux nombreuses œuvres, films, peintures, romans, où le rôle des personnages est endossé, de manière caricaturale et satirique, par des animaux.
Christine Boillat construit d’étranges histoires dans lesquelles les objets sont les éléments d’un langage.
Avec des petites choses insignifiantes, elle crée ses symboles et explore un monde irréel. Dans ses dessins, installations ou vidéos, l’artiste déploie un monde onirique, un univers à la fois délicat et doucement écoeurant dans lequel les animaux morts se décomposent pour mieux scintiller, les insectes meurent dans des fêtes clinquantes pour se retrouver dans un intérieur où ils ressuscitent sur des carrousels de fête foraine.
Au fil du mouvement très lent de la caméra de ses vidéos se succèdent des plans très contrastés : on passe du silence à la techno infernale, du plan large au macro, de l’obscurité à la surexposition ; car chez Christine Boillat, la lumière d’une ampoule n’éclaire rien, ce sont les murs blancs qui sont éblouissants. Une façon très piquante de concevoir certaine mort intérieure.
L’artiste nous fait revivre notre vie, nos pertes, nos petits deuils quotidiens, tout simplement avec ses bribes d’objets qu’elle érige en symboles et qu’elle manipule délicatement afin de créer un langage intime.
Dérangeant et d’une grande beauté.
Gilbert Dagon, 2008
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La futilité des choses